11 Novembre 2018
Après l'article sur la gestion des émotions, j'avais envie de développer un peu le sujet de la langue des signes française (LSF) que nous pratiquons à la maison avec nos deux enfants.
D'abord, il faut savoir que dans le cadre des bébés, le but de la LSF n'est pas de remplacer le langage oral, mais bien de le précéder et d'accompagner le développement de ce dernier : un bébé peut signer bien avant de parler oralement, il est donc possible de créer un dialogue plus tôt, ce qui est utile pour bien des raisons que j'aborderais plus bas.
Et puis il y a la lsf dans le cadre d'un enfant/adulte en situation de handicap, je resterais sur le cas de notre fils : il a un retard de développement important et à 5 ans, signer lui permet d'une part de se faire comprendre et de communiquer, mais aussi d'accompagner l'apprentissage des mots, ce qui est pour lui chose difficile.
Pour rappel voici les grandes phases de l’émergence du langage (moyenne pour des enfants sans difficultés particulières) :
Les craintes qui remontent souvent lorsque l'on amène le sujet de la LSF est "mais si il signe il ne va pas avoir envie de parler", il faut savoir que d'un point de vue physiologique, ce sont les mêmes zones cérébrales qui sont activés lorsqu'on communique en langues des signes et dans une langue verbale, donc le bébé qui aura signé aura appris à communiquer, à échanger et à s'exprimer plus tôt ce qui permet globalement une acquisition plus tôt et plus rapide du langage oral, on accompagne toujours le signe du mot, par imitation le bébé va d'abord reproduire ce qui est plus simple pour lui : le signe, puis en voyant l'adulte continuer de l'associer à un mot, il aura envie lui aussi de dire ce mot le moment venu quand il sera prêt.
J'ai connu la LSF sur un groupe facebook de mamans "maternantes" dont je faisait partie quand N. était petit. Nous avons commencé à signer lorsque N avait environ 1 an, car devant son retard déjà important, mettre en place de la communication nous semblait essentiel ! Le retour ne fut pas immédiat et donc nous signions assez peu au final.
Puis sa petite sœur est née, nous avons recommencé à signer très tôt (autour de ses 2/3 mois), le but de notre démarche était simple : qu'elle puisse communiquer ses besoins/émotions/envies avec nous. Elle a donc commencer à signer vers 6 mois des mots en LSF, ce qui a permis le cercle vertueux de communication : comprise, elle a eu envie d'apprendre davantage de signes et d'échanger avec nous.
Cela a aussi permis de reprendre davantage avec N. qui à 2.5 ans avait un retard encore plus important notamment sur le langage ou il était toujours au stade de début de babillage. Vous ne le savez peut être pas, mais actuellement en France, bénéficier d'une prise en charge orthophonique relève du parcours du combattant ! Ces derniers ont des listes d'attentes de plusieurs années même en région parisienne, et à cela s'ajoute qu'ils ne sont pas tous formés aux prises en charges spécifiques tels que la LSF ou le classeur de communication PECS dont je vous parlerais dans un autre article. Mettre en place la langue des signes permet donc une réelle communication avec son enfant et va lui aussi l'aider à pouvoir s'exprimer, et tout comme pour d'autres enfants, l'aider à développer le langage oral.
Les premiers mots que nous avons appris à signer relevait surtout des besoins tels que "manger ; boire ; téter ; dormir ; encore ; bisous" parce que pouvoir dire ce dont on a besoin est essentiel, ce sont souvent les premières sources de frustration que de ne pas pouvoir dire ce dont on a besoin.
Signer permet à l'enfant de se faire comprendre sur ce qu'il veut, mais aussi sur ce qu'il ressent, accueillir son émotion s'en trouve simplifié quand on sait précisément s'il a peur ou s'il est en colère, et l'exprimer permet déjà un apaisement en générale ! Sans compter qu'au début du langage verbale, il peut être difficile de verbaliser lors que signer s'avère souvent plus simple pour l'enfant pris par ses émotions. Je vous renvoie pour ceci à l'article http://petitspandaseneveil.over-blog.com/2018/08/les-emotions.html.
Nous avons aussi pu beaucoup échanger autour des livres, de la nature, Décrire ce qu'ils voient s'inscrit dans un apprentissage long, prendre cette habitude me semble une bonne chose pour l'éveil, le développement et leur futurs acquisitions.
Au delà d'avoir permis de réduire la frustration pour chacun lié à l'incompréhension, nous avons vu à quel point c'était précieux pour leur relation fraternelle de pouvoir communiquer ! A ce jour, M. parle parfaitement depuis ses 18/24 mois mais apprendre la LSF (parce que nous apprenons tous encore des signes chaque jour) lui permet avant tout maintenant de pouvoir comprendre son frère ! Et cet échange là est indispensable au quotidien, mais aussi dans des situations plus exceptionnelle.
L'exemple de situation qui me vient en tête dans laquelle LSF nous a été encore plus précieuse qu'à l'habitude est la dernière hospitalisation de N., où suite à une grosse crise épileptique, il a fait un coma, à son réveil, il était toujours intubé, et ses premiers signes ont étés : "voir sœur", sans ce mode de communication, nous n'aurions jamais pu deviné qu'à son réveil la première chose qu'il voudrait était de voir sa petite sœur ! Ce moment, dans lequel il était dans une situation physique critique, une agitation nous aurait laissé penser à l'inconfort, à la frustration de son corps qui ne répondait pas, à la gêne des dispositifs médicaux ... nous aurions sûrement mis du temps à trouver ce qu'il voulait nous dire et peut être que les sédatifs auraient été augmentés pour une simple demande non comprise ...
Le deuxième exemple qui me vient à l'esprit est une rencontre avec une petite fille sourde, le bonheur de pouvoir se comprendre et communiquer entre eux trois est un beau souvenir, le sourire de cette petite fille de pouvoir "parler" avec eux, et celui de sa maman ... de voir son enfant inclut ... comme une situation normale au parc ... ce qui devrait toujours être le cas.
Pour une société plus inclusive, il me semble que commencer par la communication est une base, permettre à un enfant d'avoir des notions qui lui permettront aussi plus tard de comprendre les enjeux de la différence, lui amèneront une certaine ouverture d'esprit, le sensibiliseront au handicap et à la maladie, ce qui me semble essentiel (mais ce n'est que mon avis ) pour lui comme pour ces enfants/adultes qui veulent juste communiquer avec autrui.
Pour apprendre la LSF, le mieux reste selon moi reste de contacter des personnes formées (orthophonistes, interprètes etc) ou directement auprès de personnes en situation de handicap utilisant la LSF.
Je vous mets en lien des ressources que je trouve intéressantes pour débuter en LSF :
Vidéo de présentation de la LSF par "tziganette" et "littlebunbao"
Instagram "littlebunbao" interprète LSF
Livre Signe avec moi de Monica Companys et Nathanaëlle Bouhier-Charles
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